«Scandalisme»
Au Maroc, les scandales ne manquent pas. Il y en a de tous les genres : des scandales financiers, dautres juridiques, dautres encore politiques
Chaque jour, ils occupent de larges espaces sur les colonnes des journaux et sont partout au centre des discussions. Le «bouche à oreille» les fait rapidement voyager dun bout à lautre du pays. Les fonctionnaires, les clients des cafés comme les ménagères, en raffolent. Ils préfèrent consommer du scandale frais, comme sil sagissait dun fruit. De surcroît, en servant ou en consommant son scandale du jour, chacun y va de son analyse, de ses réflexions, de ses petits rajouts, de son jugement, de ses condamnations. Ce «scandalisme» devient au Maroc un phénomène de société.
Est-ce là une bonne ou une mauvaise manière pour une société comme la nôtre de sattaquer à ses scandales? Ne serait-il pas plus opportun dagir face aux scandales plutôt que den créer des contes et des légendes? Nous laisserons le soin aux sociologues et autres spécialistes de répondre à ces questions.
Ce qui est dramatique, cest quand le «scandalisme» provoque la boulimie chez certains. Lesquels commencent à voir des scandales partout. Actuellement, vu la brûlante actualité nationale qui est marquée par le scandale de lassociation de bienfaisance dAïn Chok, cest au monde associatif quils sattaquent. Certains le font à raison. Ils dévorent voracement des faits avérés. Dautres, en revanche, le font à tort et à travers. Ces derniers mettent au banc des accusés, des acteurs sociaux connus et reconnus pour leurs bonnes uvres, pour leur dévouement, pour leur intégrité morale et pour leur détermination en faveur de laction associative. Cest dautant plus grave que certains boulimiques en mal dinspiration sattaquent à une association comme AMESIP (Association Marocaine d'Aide aux Enfants en Situation Précaire). Laquelle est reconnue d'utilité publique depuis 1998 et est donnée en exemple à léchelle internationale.
En somme, la boulimie «scandaliste» de certains devient elle-même un scandale. Elle doit être soignée durgence.