Revue de presse
Objection :
Retraite anticipée aux enfants travailleurs
Une opération de départ volontaire repensée, mais dégale envergure que celle prévue pour les fonctionnaires dans le cadre d«Intilaka», devra être destinée aux milliers de mômes qui travaillent au Maroc pour tenter de les sauver dune déchéance sociale programmée. Cette opération devra naturellement permettre de ramener ces enfants sur les bancs des écoles quils nont jamais fréquentées ou trop tôt abandonnées. Parce que cest grave que de laisser cette armée denfants livrés à eux-mêmes dans un univers dadultes qui nest pas le leur. Cest grave que de laisser les esclavagistes des temps modernes assassiner leur enfance en les exploitant en toute impunité. Cest grave que ce phénomène némeuve que quand le cas de lun ou lautre petit travailleur ou lune ou lautre petite bonne est évoqué par les médias dans la rubrique des faits divers.
Certes, le Maroc peut senorgueillir davoir mis à niveau sa législature en criminalisant lemploi des petits travailleurs. Il peut également se défendre en avançant que son arsenal juridique sera bientôt renforcé par une loi devant protéger les petites bonnes. Mais, toutes ces avancées législatives certaines permettent-elles datténuer, sur le terrain, lampleur qua prise le phénomène du travail des enfants dans le pays? Visiblement, non. La cause est connue: les lois semblent être faites au Maroc pour ne jamais être appliquées.
Des chiffres officiels révélés en 2001 estimaient à 600.000 le nombre denfants travailleurs au Maroc. Ce nombre a-t-il baissé grâce aux lois adoptées? Pour effectuer une évaluation sommaire, il suffirait douvrir les yeux autour de soi pour remarquer quils sont encore nombreux les enfants qui se démènent comme des diables pour réparer des pneus, pour garder un troupeau, pour laver des parterres, pour lisser des meubles en bois, pour coller les semelles, pour tisser des tapis, pour coudre des djellabas, pour vendre des sachets en plastique ou pour servir des clients dans des cafés
Devant cette situation, le programme IPEC/Maroc tente de donner lexemple en matière de lutte contre le travail des enfants à travers des actions pilotes. Seulement, lexistence de ce programme ne décharge en rien lEtat marocain de sa responsabilité concernant ce fléau. Il reste à espérer que les départements concernés qui se réunissent les 26 et 27 avril à Rabat avec des ONG, des syndicats et des organisations internationales (IPEC et UNICEF notamment) dans le cadre dun séminaire placé sous le thème «Pour une meilleure intégration de la lutte contre le travail des enfants dans le Développement Social», donneront à loccasion le véritable coup denvoi dune lutte acharnée contre le travail des enfants en prévoyant les moyens humains, matériels et daccompagnement nécessaires pour ce faire.
Paru lundi sur les colonnes de l'Opinion